Mars 2024 : regards croisés sur l’actualité
Beaucoup d’événements, plus ou moins importants et plus ou moins graves, m’ont marquée durant le mois de mars : la constitutionalisation (nécessaire) de l’IVG, l’audition (glaçante) de Judith Godrèche à l’assemblée nationale, le tour de passe passe (honteux) du gouvernement sur les "groupes de niveaux" masqués sous l’appellation de "groupes de besoin", la révolte (indiscutable) des professeur.es, familles, et élèves de Seine-Saint-Denis contre les conditions déplorables d’enseignement dans ce département le plus pauvre de la France métropolitaine, la photo (déplacée) du président Macron en train de boxer...
Et puis le 22 mars attentat à Moscou au Crocus City Hall : 137 personnes mortes, et le décompte n’est sans doute pas terminé, près de 200 blessé.es, et le décompte n’est sans doute pas terminé...
Au milieu de toutes ces morts et de cette terreur, c’est la guerre de communication. Le pouvoir russe, qui n’a pas pris au sérieux la menace djihadiste, se défausse de ses responsabilités en accusant l’Ukraine d’être à l’origine de l’attentat ; l’Ukraine soupçonne Moscou d’avoir commandité l’attentat afin de justifier encore plus de violence dans ses frappes à venir.
Bien sûr les condamnations officielles, partout dans le monde, se multiplient. Pourtant on ressent comme une sensation de détachement collectif face à cette horreur, peut-être parce que c’est loin, ou peut-être parce que c’est en Russie contre laquelle on se sent en guerre, ou parce qu’on s’habitue, ou parce qu’on se replie égoïstement sur soi, ou peut-être simplement parce qu’on a peur ?
En vacances au Sénégal au mois de Novembre, j’avais été marquée par l’intérêt de la jeunesse face aux futures élections présidentielles. Il faut dire, que les jeunes représentent 76% de la population et que leur vote est prépondérant.
Ils voulaient voter pour un changement profond de la politique dans leur pays.
La corruption, le manque d’emplois qualifiés, les difficultés à accéder à l’instruction, les difficultés à se nourrir, à avoir de l’eau, à se soigner étaient les sujets les plus évoqués.
En apprenant en février le report des élections, j’ai craint que de grandes tensions bouleversent ce pays, pourtant très fier de sa démocratie.
Il y a bien eu quelques heurts dans les grandes villes mais la crise est restée plus politique et institutionnelle, le peuple sénégalais a eu raison de garder l’espoir d’une élection démocratique de leur futur président.
C’est donc avec intérêt, que j’ai découvert le 24 mars 2024 le nouveau président du Sénégal, monsieur Bassirou Diomaye Faye. C’est sans doute en grande majorité la jeunesse du pays qui a voté pour lui et ils en attendent beaucoup.
Alors, espérons pour le Sénégal et les Sénégalais.es que celui qui se définit "antisystème" saura tenir ses promesses de lutte contre la corruption et permettra à l’ensemble du peuple sénégalais de vivre dans la dignité dans" le pays de la Teranga" symbole d’unité, de partage, d’accueil des amis, de la famille et des invités de passage.
L’actualité qui a retenu mon attention est l’attentat de Moscou, je trouve cela triste toutes ces personnes tuées alors qu’elles allaient voir un concert, cela rappelle ce qui s’est passé chez nous en France. Je ne connais pas les détails, avec la guerre en Ukraine, je ne donnerai pas mon avis cela me dépasse. Tout ce que je vois, c’est des innocents tués, la violence qui grandit et un climat de peur qui se ressent de plus en plus. Malheureusement c’est souvent les civils qui subissent les violences causées par les choix, les accords ou désaccords des personnes qui gouvernent. Je trouve cela triste car au lieu de se battre on devrait s’unir partager nos valeurs. Si on ne réagit pas rapidement, j’ai peur que bientôt nous n’ayons plus de planète, on voit qu’il y a de plus en plus d’inondations, de tempêtes, de sécheresse.... Et on préfère se battre plutôt que de s’unir pour réellement changer les choses. Mais comment faire bouger les choses si on est très peu à réagir.
Moi même je suis dépassée par les enjeux politiques et je n’ai pas de solutions. Alors j’essaie de me couper de tout cela et profiter de l’instant présent, en espérant quand même qu’il y ait des changements pour nos enfants.
Le pont nommé Francis Scott Keys de Baltimore, dans le Maryland situé aux Etats-Unis a pour particularité d’être un long pont de 2,6 kilomètres.
Le bateau nommé porte-conteneurs a pour particularité de mesurer 300 mètres de long et de peser 100 000 tonnes.
La collision entre le bateau et le pilier de pont fut le pot de fer (le bateau) contre le pot de terre (le pont). Le pont va s’écrouler sous le choc.
Des personnes et des véhicules vont tomber avec le pont dans l’eau.
Le porte-conteneurs avec la masse d’eau se déplaçant avec une certaine vitesse, a une énergie dans le mouvement considérable, ne donnant aucune chance au pilier de pont pour résister à un tel choc.
Le porte-conteneurs s’est écarté de son chenal de navigation et a provoqué l’accident.
La collision s’est produite le mardi 26 mars, le matin, pendant la nuit. Ce fut un évènement dramatique. Les secours sont arrivés rapidement sur place et l’enquête se poursuit.
La destruction d’un pont qui relie deux rives peut se produire n’importe où, même près de chez nous, pas que aux Etats-Unis. A Brest, je crois qu’on craint plus la chute du téléphérique que celle d’un pont.
Un pont, c’est aussi le symbole reliant deux êtres, deux mondes contrairement au mur qui symbolise la fermeture entre deux êtres, deux mondes. Le pont symbolise pour moi, l’amitié, la relation amicale qui ne doit pas être séparée par un mur. La distance, la solitude peuvent faire mal. Alors, unissons-nous ! Construisons des ponts plutôt que des murs !
Le rapport annuel de l’autorité administrative indépendante "Défenseur des droits", qui a pour mission de défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés et de permettre l’égalité de toutes et tous vient pour 2023 d’être publié. Ce rapport m’interpelle !
Claire Hédon, la défenseure des droits depuis 2020, et que l’on connaît bien à ATD Quart Monde (elle a été présidente du mouvement) signale qu’il y a de plus en plus de réclamations qui lui parviennent : 10% de plus entre 2022 et 2023. Ces réclamations concernent en majorité les services publics. Elle dit même "qu’un fossé s’est construit entre les usagers et les services publics".
Elle s’inquiète aussi d’une "banalisation des atteintes aux droits", c’est comme si cela devenait presque normal de ne pas réussir à accéder à ses droits, à faire valoir ses droits.
On entend aussi souvent parler du "non recours". 40% de certaines aides sociales ne sont pas versées chaque année ! Le terme "non-recours" ne convient pas, car quand on entend "non-recours" on comprend que des personnes ne demandent, donc s’il y a "non-recours" cela vient de la personne qui ne fait pas ce qu’il faut. C’est très culpabilisant alors que bien souvent les personnes cherchent essaient de faire les démarches mais c’est trop complexe, ou parfois les personnes n’ont pas les informations.
Des populations déjà très vulnérables sont mises de plus en plus en difficultés.
De nos jours les temps sont difficiles. Les actualités nous montrent les guerres, les tempêtes, le climat qui change, tout est gris désorienté. J’ai peur qu’on revienne à une guerre mondiale. Je regarde à la télévision ces informations à 13h ou à 20h. Poutine me fait peur, il semble être un monstre, il divise les pays, il monte les pays les uns contre les autres pour être plus fort, et les gens s’entre-tuent.
Je sais qu’à la télévision tout ce qu’on entend n’est pas vrai, mais cela me fait peur.
Moi je reste positive, je pense que l’être humain est doté d’une intelligence , on devrait réussir à vivre ensemble. Ce n’est pas compliqué, pourquoi tirer les uns sur les autres.
Chaque mois, trouver un sujet sur l’actualité n’est pas simple. L’actualité est riche en catastrophe de toute sorte et cela inquiète. On se sent inutile et impuissant.
Beaucoup d’actualités sont inquiétantes, j’en ai retenu deux : C’est bientôt le 31 mars, fin de la trêve hivernale, trop de personnes sont encore expulsées de leur logement sans connaître leur droit. Un article dans le journal d’A. T. D. Monde du mois d’Avril m’a interpelé. Dans l’opinion générale, si des personnes sont expulsées, c’est que ce sont des mauvais payeurs. Mais comment se loger et s’en sortir quand on gagne 500 € par mois.
A. T. D. Quart-Monde propose d’adapter la quittance de loyer aux ressources, ce qui contribuerait à lutter contre l’expulsion. Cela me paraît très intéressant.
L’autre nouvelle insupportable est ce qui se passe à Gaza. La décision du gouvernement Israélien d’intervenir dans la bande de Gaza. Après avoir forcé 1,4 millions de personnes à se réfugier à Rafah, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a donné son feu vert pour envahir la ville. Ce serait probablement le pire acte perpétré par Israël. Il paraît que les États-Unis pourraient arrêter l’offensive, Il y a sur internet une pétition à signer pour demander à Joe Biden de ne pas envoyer d’armes en Israël.
L’image qui suit cet article présentant la pétition est bouleversante. On voit des enfants effrayés et dans leur regard la peur, ils ne comprennent pas.
Une autre image m’a frappé dans le journal "Le Télégramme", c’est la distribution des denrées alimentaires dans ce territoire, on y voit le parachutage. Cela se solde par des drames. Des Palestiniens ont été tués lors d’attroupements, tandis que d’autres sont morts suite à ces largages.
On se sent démuni devant tant d’horreur.
Malheureusement, ces deux actualités montrent encore une fois que la population civile, les enfants et les plus démunis payent un lourd tribu de décisions prises en haut.
Je suis interpellé par le 20 mars, la journée mondiale du bonheur, décrétée par l’ONU à l’unanimité par ses pays membres. Mieux, ni la Russie, ni la Chine n’ont exercé leur droit de veto.
Le véritable but de cette journée c’est la prise de conscience par les gouvernements que la seule croissance économique ne suffit plus à assurer le “bonheur” d’un pays et qu’un développement plus équitable, équilibré et durable permettrait de mieux éliminer la pauvreté et assurer le bien-être de tous les peuples. Vous serez d’accord avec moi que nous sommes bien loin de cette parité !
Le rapport mondial sur le bonheur, parrainé par l’ONU, prend en compte six facteurs : le soutien social, le revenu, la santé, la liberté, la générosité et l’absence de corruption. Il est publié chaque année. En 2024, on apprend que la Finlande est en tête des pays les plus heureux du monde pour la septième année consécutive pour sa proximité avec la nature et le bon équilibre entre travail et vie privée. La France se trouve en 27e position.
Je crains que nous nous maintenions dans une boite à chaussures, avec des règles limitées, avec une compréhension analytique du monde. Où sont passées la nature, la beauté, la douceur, la lenteur, tant mises à mal par la société et qui deviennent difficiles à saisir et à vivre alors qu’ils contribuent au bonheur ? Je pense qu’il y aura un moment où chacun sera obligé de comprendre d’une autre manière, peut-être par l’enfant qu’on était, ou par le cœur.
Je vous parlerai aujourd’hui de la réforme de l’assurance chômage annoncée par G. Attal et qui dit qu’il allait diminuer la durée de l’allocation chômage de plusieurs mois pour inciter les personnes à reprendre plus vite un travail. .
C’est donc encore les plus démunis qui sont visés.
Les chômeurs devront donc accepter n’importe quel travail pour ne pas se retrouver sans droits ! A-t-il pensé aux conséquences sur la santé physique et mentale des personnes ?
Est-ce que beaucoup de personnes aiment être au chômage ? bien sûr que non !
Mais avoir un emploi digne, c’est plus important que d’accepter n’importe quel travail !
Ces propositions c’est pour faire des économies pour réduire la dette de l’État, mais pour moi ce n’est pas comme cela qu’on en fera, car les personnes seront de plus en plus en arrêt maladie si elles doivent accepter des emplois qui ne leur conviennent pas, ce qui amènera à augmenter les dépenses de l’assurance maladie.
Personnellement je préfère avoir un travail qui m’intéresse ou qui m’épanouit plutôt que de prendre n’importe quel emploi.
Ce mois de mars, je suis particulièrement interpellée par deux dossiers publiés dans un journal et une revue, à savoir :
* les expulsions (le journal d’ATD Quart-Monde) et
* surveiller et punir les pauvres (revue Alternatives Economiques)
les deux dossiers étant liés par la volonté du gouvernement français de cibler les plus précaires d’entre nous pour réaliser des économies de façon particulièrement injuste.
Le Pacte International des Nations Unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a été adopté le 16 décembre 1966 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, il est entré en vigueur le 3 janvier 1976 et a été ratifié par la France seulement le 4 novembre 1980.
Dans son article 11, le Pacte reconnaît à toute personne le droit à un niveau de vie suffisant pour elle et sa famille y compris une nourriture, un vêtement, et un logement suffisant, ainsi que le droit à une amélioration constante de ses conditions d’existence.
Des violations de ce droit se produisent lorsqu’un Etat manque à ses obligations de respecter, protéger et réaliser ces droits.
On voit bien qu’en France, "le droit au logement" n’est pas respecté à l’approche, comme chaque année, du 31 mars qui signifie la fin de la trêve hivernale. Les expulsions frappent essentiellement les plus pauvres d’entre nous. Nombre de personnes concernées se replient sur elles-mêmes par manque d’information. Pourtant la loi DALO, Droit au Logement Opposable voté le 5 mars 2007 interdit les expulsions sans proposition de relogement. Cette loi charge l’Etat d’en garantir la mise en application, mais aussi avec la garantie de construire des logements sociaux, ce que l’état bafoue sans état d’âme.
Quant à la violation "au droit à une amélioration constante de ses moyens d’existence", elle est attestée dans les dernières lois indignes du gouvernement français et on voit bien que ce sont les plus démunis qui sont lésés :
* projet de supprimer l’ASS, Allocation de Solidarité Spécifique, créée en 1984 pour les chômeurs en fin de droit et que perçoivent aussi les seniors qui ont le plus de difficulté à trouver un emploi. Cette mesure injuste permet au gouvernement de faire des économies en pénalisant les plus précaires.
* En ce qui concerne le RSA, Revenu de Solidarité Active, les allocataires sont tenus de signer un contrat d’engagement avec France Travail, anciennement Pôle emploi, et de réaliser 15 heures d’ "activités" sur des "emplois dont personne ne veut ?"
* Contrôler avec des algorithmes à la CAF les personnes les plus pauvres
* Dans le domaine de la santé aussi, le gouvernement légifère pour prévenir des supposés abus. Cela conduit les plus précaires, en particulier les patients sans complémentaire santé, à renoncer aux soins aux coûts de plus en plus élevés.
Ainsi toutes les lois gouvernementales ne sont pas de nature à améliorer de façon constante ce droit à de bonnes conditions d’existence des personnes les plus défavorisées.
Pour terminer, je dirai fermement que les lois du gouvernement français doivent taxer les personnes les plus riches, aux revenus indécents et aux patrimoines élevés, alors que des lois injustes diminuent au contraire les ressources des personnes les plus pauvres.
C’est indigne de la part d’un chef d’état et de son gouvernement asservi, ignorant l’égalité et la fraternité en discriminant non seulement les plus précaires , mais différenciant, les "bons" pauvres et les "mauvais" pauvres.
Cette grave indignité génère une grande colère.