Journal des re-confiné.es n°5 : Quelles fêtes... ! ?
Quelles fêtes...!?
Quand on parle des fêtes... de fin d’année, on parle de deux moments que je vois, que je vis différemment. Noël est plus dans la joie profonde et la nouvelle année dans le plaisir divertissant. Noël c’est la lumière plus grande que la nuit, la fragile innocence de l’enfance, la Vie à la source, des sens à partager en famille. La nuit du réveillon, elle, dit le temps qui passe, les plaisirs trompe la mort échangés dans l’amitié. Ou pas... Car il y a des sans famille et des sans amis, des sans espoirs et des sans mots pour le dire. Et des sans le sous par dessus le marché !
Cette année pas d’embrassades ? Nous inventerons la tendresse des regards et des mots doux sous les masques. Cette année pas d’insouciance ? Nous puiserons ensemble de la sérénité au puits de la fraternité. Et nous aurons peut-être mieux approché l’Essentiel... Voilà mes meilleurs vœux !
C’est bien beau, mais les cadeaux, tout ça ? On n’est pas (que) des anges... Et c’est tant mieux !
Quelles fêtes pour moi ?
Cela fait bizarre que ma famille ne soit pas réunie pour Noël. On a décidé que pour cette année, on fêtait Noël seulement avec nos enfants et petits enfants pour ne pas être trop nombreux pour respecter les directives du gouvernement, et aussi pour protéger les plus fragiles de notre famille. Je pense que pouvoir se déplacer à Noël plutôt qu’au premier de l’an, est préférable pour nos enfants, car même si on est précaire et qu’on ne leur offre pas des cadeaux très chers, fêter Noël est important pour montrer qu’on les aime tout simplement.
C’est sûr cependant, que ces fêtes n’auront pas la même saveur que celles des années précédentes.
Lors du premier confinement on avait senti une envie de vivre autrement, on évoquait le monde d’après … et puis tout est reparti quasi comme avant.
La fin de l’année est pour moi associée à une déferlante de consommation. C’est un luxe je pense de pouvoir s’affranchir de cette frénésie sans se sentir juger car la pression sociale est si grande !
Là cette année compte-tenu de la situation sanitaire, on pouvait espérer que cette période de fêtes soit différente et en observant les rues bondées, je ressens la même déception qu’au premier confinement. Une publicité a retenu mon regard « Libérons le pouvoir de Noël » donc achetons, consommons et advienne que pourra, janvier nous le dira … mais ce sera sans moi.
Les fêtes de fin d’année sont pour moi des mauvais moments. Un mois que je n’aime pas et qui m’énerve. Je ne supporte de voir les sapins et les décors.
Mon rêve est de passer les fêtes tout seul. Si je le fais c’est pour ma famille, mais cela me coûte beaucoup d’énergie.
Ce matin, c’est bien la première fois de ma vie que je suis entrée dans une église – la cathédrale de Quimper – gardée par des militaires armés de fusils mitrailleurs et prêts apparemment à appuyer sur la gâchette au moindre signe suspect …
Et moi, j’avais dans la tête, en ce temps de Noël, des images de lumière dans la nuit, d’enfant endormi, de cadeaux, d’amour partagé, de beaucoup de joie et de chants : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » …
Quel contraste ! Significatif peut-être de ce que nous vivons aujourd’hui, beaucoup d’inquiétudes et de peurs : un virus minuscule qui menace la planète entière ; des attentats meurtriers qui peuvent surgir n’importe où n’importe quand ; de grandes solitudes, la déroute économique de certains commerçants, artisans, artistes ; l’avenir de la planète …
Beaucoup de questions : dans ces circonstances, peut-on faire la fête ? Quelle fête ? Que signifie Noël aujourd’hui , où est ma responsabilité ?
Noël aujourd’hui, c’est essentiellement, je crois, que l’on soit chrétien ou pas, l’occasion de se rappeler que toute vie humaine a du prix, que nous sommes importants les uns pour les autres, l’occasion de se le dire et redire de mille façons et par mille moyens ; le dire dans sa famille, à ses proches, le dire aussi à des personnes qui seraient plus seules, plus isolées, inventer des façons à notre portée de faire que la paix et la lumière de Noël ne soient pas des vains mots.
Le sentiment qui domine en cette fin d’année est l’inquiétude sur l’évolution de la pandémie et j’ai du mal à me projeter dans l’avenir.
L’ambiance générale est morose et ne donne pas envie de faire la fête.
On ne voit plus la fin de cette crise, les informations deviennent de plus en plus inquiétantes, Les difficultés pour se loger, se nourrir partout dans le monde se multiplient. Heureusement on voit aussi des initiatives d’entraides et de soutien se développer un peu partout et cela redonnent de l’espoir et fait chaud au cœur. Il y a aussi l’espoir du vaccin, mais aussi beaucoup d’incertitude ! Là aussi les informations sont anxiogènes
Quels seront les effets indésirables à long terme ?
Malgré tout, il est très important de fêter Noël, on restera prudent et on respectera les gestes barrières.
Pour ma part, au lieu de faire un repas de noël, on en fera deux, un avec notre fils et notre petit fils et l’autre avec mes sœurs et frère pour ne pas dépasser le nombre de six à table.
Quelle drôle d’époque !