"Réussite scolaire" ?

La réussite c’est quand mon enfant essaie d’évoluer petit à petit à son rythme et que ses notes évoluent chaque trimestre. Je ne demande pas qu’il aie la moyenne, s’il progresse pour moi c’est une réussite. Dans les écoles ils regardent les notes mais pas assez la progression et que le classement de l’école soit au dessus de la moyenne. Je n’ai pas envie d’avoir des conflits avec mon enfant pour qu’il soit le premier de la classe. La réussite c’est en premier qu’il se plaise où il est et que ça fonctionne bien dans cette école et que l’enfant aie des amis et que ça ce passe bien avec les personnes de l’école et qu’il aie envie d’apprendre sans peur. La réussite c’est quand il grandit et que en sortant l’école il puisse se dire "j’ai travaillé et j’ai obtenu le travail que je souhaitais".

Moi, qui n’ai jamais quitté l’école, scolarisée dès la maternelle, j’ai enseigné longtemps presque toute ma vie. Pourtant je ne me suis jamais sentie en réussite scolaire...
La peur m’a toujours tenaillée.
Peur de ne pas savoir, ne pas savoir répondre.
Peur de l’échec. Peur de dire que je ne comprenais pas toujours. Peur de ne pas être à la hauteur d’une réussite voulue par mes parents, eux qui avaient été privés d’école, d’études. Peur du regard des autres.
Peur c’est le mot que je retiens de toute ma scolarité.
Alors, Réussite scolaire... cela devrait réunir plaisir d’apprendre, comprendre ce que j’apprends, apprendre des autres et avec les autres.
Réunir acquérir des compétences et gagner en confiance
Réunir ne pas savoir, se tromper et questionner
Réunir difficultés et progrès
Réunir enfants et adultes
Réunir accords et désaccords.

Ce n est pas parce que on n’est pas bon à l’école qu’on ne peut pas réussir.
Tous les enfants n’apprennent pas de la même façon.
Il y en a même pour qui la réussite scolaire est venue après leur scolarité.
Je pense avant tout que la réussite scolaire vient de la pédagogie de chaque enseignant.
Quand certains enseignants n’ont pas de pédagogie cela a pour conséquence de décourager certains enfants à étudier.
Ces enseignants devraient se former !

Que dire ?
est-ce avoir des bonnes notes ?
est-ce accumuler des connaissances ?
est-ce être un bon élève, un bon élément. Rentrer dans le moule. Avoir la capacité d’apprendre.
Pour certains, c’est facile çà rentre comme dans du beurre, pour d’autres c’est plus difficile.
Un enfant a besoin de sécurité affective pour réussir. Il a besoin d’être en confiance, de se sentir aimé et accompagné dans ses apprentissages.
Mais peut-être qu’il suffirait d’écouter et de partir de ce qu’il sait déjà et d’approfondir ses connaissances et ainsi d’évoluer, grandir vers les apprentissages et apprendre avec eux.
Ce serait une autre pédagogie.
L’école est un outil formidable et devrait permettre à chaque enfant de s’épanouir C’est dommage que la réussite passe encore trop souvent par la pression, il y a une obligation de réussite (les bonnes notes).
Souvent l’enfant veut faire plaisir et être dans les normes, si il n’y arrive pas, il est frustré et mis en échec.
A la maison aussi la pression peut-être forte, l’enfant ne devrait pas être envahi par les problèmes des adultes.

La réussite scolaire n’est pas pour moi en lien avec "avoir de bonnes notes". Tout enfant, tout élève doit pouvoir apprendre, se sentir capable d’apprendre à l’École,
Tout enfant doit aussi pouvoir être heureux heureuse à l’École peu importe ses difficultés d’apprentissage, ses manières d’apprendre. On sait l’importance pour une vie d’adulte équilibrée, apaisée, d’avoir emmagasiner des bons, des beaux moments dans l’enfance et l’école doit y contribuer.
La confiance en soi gagnée à l’école, le plaisir d’apprendre, d’être avec des personnes différentes et de savoir coopérer voilà pour moi les ingrédients de la Réussite Scolaire.

Pour moi la "Réussite scolaire" , n’est pas dans les notes. C’est grandir dans un environnement serein, épanouissant, apprendre, découvrir des choses que tu n’aurais pas imaginé ou fait chez toi, c’est l’ouverture des possibles. Découvrir d’autres personnes et différents horizons.
Pour moi réussir sa scolarité, c’est réussir à faire le métier qu’on voulait et/ou trouver un lieu où on s’épanouit aussi en temps qu’adulte. Le principal c’est trouver sa place au sein de la société, là on peut parler de réussite scolaire.
Et si le personnel était mieux formé à la tolérance et acceptait tous les élèves et parents de n’importe quel milieu qu’ils soient. Et s’il y avait les moyens nécessaires. Et si certains enseignants ne jugeaient pas les gens sans savoir. Et si on travaillait davantage ensemble, enseignants-parents-enfants, car c’est ensemble qu’on arrivera à une vraie "Réussite scolaire".

Nous souhaitons tous que nos enfants réussissent à l’école. Et à ATD Quart Monde on appelle à « une école de la réussite pour tous ». Mais que met-on derrière l’expression « réussite scolaire «  ?
S’agit-il de faire en sorte que l’élève ait une bonne note dans toutes les matières, et que dans une classe tous les élèves atteignent le niveau demandé ? Il s’agit alors surtout d’instruction, de l’acquisition de savoirs, de données... Je fais la différence entre instruction et éducation et pense que le plus important est l’éducation, et notamment le savoir être avec les autres, dans le monde. C’est parce que je place l’éducation avant l’instruction que nous devons réclamer l’inclusion la plus forte possible, en faisant de la coopération entre les élèves de différents niveaux une école de la bienveillance et de la fraternité, valeurs essentielles pour une société démocratique apaisée.

L’école de la réussite, c’est déjà d’accepter tout le monde :
ne pas regarder ni le statut social, ni la provenance l’origine.
Il faut aussi que les directeurs, les professeurs et les parents se mettent en accord pour que les enfants réussissent et être à l’écoute des élèves.
C’est déjà compliqué de faire confiance aux profs mais c’est encore plus difficile quand on est issu d’un parent immigré, ou séparé de ses parents et être dans la précarité car on est stigmatisé par le regard des autres. Mais faut rester fort face à ces regards.
Moi jusqu’à ma 5e, j’ai toujours été écoutée par mes profs et par le directeur.
Ensuite est venu le harcèlement en classe de CPPN mais j’ai toujours été écoutée, suite à un placement on m’a réintégrée dans une école de Lesneven très rapidement.
Si on n’écoute pas les enfants, ils auront du mal à s’intégrer,
La 1ère priorité c’est d’être à leur écoute ( prof, directeur, animateurs), leur laisser aussi le choix de leur orientation.

La "réussite scolaire" n’aboutit pas forcément à la fin des études réglementaires. Quelquefois l’échec demande du temps pour être transformé en succès. Heureusement.
Après des études primaires et collégiennes correctes, je me suis retrouvée au Lycée, dans une seconde M’, (Moderne prime) appellation inventée pour les élèves venant des Collèges appelés alors Cours Complémentaires, où les professeurs étaient souvent des anciens instituteurs ayant une très grande approche des élèves.
Donc au Lycée où les professeurs étaient distants et pas toujours pédagogues, c’est devenu plus compliqué.
Parvenue à l’année du bac, en classe de philosophie (quelle idée !!!), et après un 1er cours où le professeur a détaillé le programme de l’année (quelle perspective intéressante !) le premier cours effectif m’a remise à ma juste réalité. J’ai échoué une première fois au Bac.
L’année suivante, j’ai mieux travaillé. Je voulais faire honneur à mon père très malade et j’ai eu le bonheur de lui annoncer ma 1ère place à la composition de philo (sujet d’un chapitre du livre de l’époque). Mais mon père est mort peu de temps après et tout s’est écroulé : 2ème échec au bac.
Un 3ème essai de préparation par correspondance s’est révélé tout aussi négatif faute de volonté pour travailler seule : 3ème échec. Sans compter les sessions de septembre...
Un voisin de l’époque m’a informée de la possibilité d’une formation dans un Centre de Formation Professionnelle pour Adultes. Les tests m’ont orientée vers un CAP de sténo-dactylo, en 6 mois, à RENNES.
J’ai aimé apprendre la sténo et la dactylographie et j’ai obtenu le CAP début mai 68. Après mon retour dans ma ville, en stop, les trains ne circulaient plus, j’ai vécu ce mois de mai dans la plus grande solitude, malgré tous les événements et malgré la présence de ma mère qui travaillait.
J’ai souvent rêvé que je passais le bac mais je me réveillais toujours avant les résultats.
Longtemps plus tard, pendant un après-midi de Bibliothèque de Rue d’ATD Quart-Monde, j’ai discuté avec un jeune papa dont le fils dessinait, assis sur un tapis, dehors, près d’un immeuble.
Ce papa m’a expliqué qu’il préparait un diplôme en cours du soir pour changer d’orientation professionnelle.
Quand j’ai entendu cette parole, il s’est produit un déclic dans ma tête, comme une ouverture sur quelque chose de possible, et j’ai dit à ce papa que je pourrais, peut-être, moi aussi, préparer un diplôme et je pensais à ce terrible diplôme du Bac. Il m’a encouragée.
Je me suis renseignée aussitôt à l’Université de Brest et à la rentrée suivante, j’allais avoir 50 ans, après des tests de connaissance, j’ai commencé des études en cours du soir pendant 3 ans, une fois par semaine.
J’ai eu le bonheur d’obtenir le Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires avec une bonne note en philosophie, en juin 2000. Bonheur que j’ai oublié quand j’ai vu qu’il n’était pas partagé par mes relations pourtant assez proches de l’époque.
Cela n’a rien changé à ma vie quotidienne, j’ai gardé le même emploi au secrétariat.
Pourtant cela a changé quelque chose en moi. Je ressens encore un certain bonheur en l’évoquant.
Aujourd’hui, alors que beaucoup de jeunes sortent du système scolaire sans diplôme et sans projet d’avenir, je pense qu’il faut développer la formation professionnelle et artistique, une formation choisie et rémunérée, avec une culture générale solide, qui est un droit pour tous.
Je pense surtout qu’il n’est jamais trop tard, qu’une parole vraie échangée peut ouvrir un avenir que l’on n’imaginait plus et aboutir à un succès incroyablement valorisant.
Merci à ce jeune père de famille.

« J’ai réussi mon année ! Je passe en 5ème (ou en 3ème, ou en CM1 ! » dira facilement un-e élève, quel que soit son niveau . . . et souvent, ses parents le diront aussi !
Il faut peut-être y regarder de plus près. Un redoublement, est-ce forcément un échec ? Bien souvent, c’est plutôt un moment important qui peut tout changer dans la scolarité d’un enfant ou d’un jeune. J’en ai entendu dire, au fur et à mesure que s’écoulait l’année redoublée : « C’est formidable, cette année, je comprends beaucoup mieux, j’ai de meilleures notes, et je suis heureux-se d’aller à l’école ! » Là, oui, je pense qu’on peut parler de « réussite scolaire ». Quand l’enfant ou le jeune s’aperçoit qu’il progresse, aidé peut-être par l’ambiance de la classe, le soutien d’autres élèves ou de tel ou tel prof, quelque chose en lui change profondément, à la fois par l’acquisition de nouvelles connaissances, et aussi et surtout parce qu’il reprend confiance en lui et en ses possibilités. N’est-ce pas déjà une réussite ?
Ma vie d’enseignante a été aussi marquée par un événement, dû, je crois, à ce qui a été vécu en France en Mai 68 et aux décisions de l’Éducation Nationale : quelques semaines après la rentrée de Septembre, les élèves de chaque classe étaient invités à élire parmi eux un-e ou deux « délégué-e-s de classe » qui pourraient, après discussion, transmettre aux enseignants des désirs, des plaintes, des suggestions venant du groupe. Quel changement d’atmosphère dans une classe quand tous s’aperçoivent qu’ils ont droit à la parole, que leurs remarques et suggestions sont prises en compte, que, des deux côtés, « on s’écoute, on peut s’expliquer ». De réels changements ont souvent suivi cette façon de faire. Une atmosphère de confiance réciproque pouvait naître, et ainsi plus d’entraide entre les jeunes, plus d’intérêt pour les études et pour la vie scolaire.
La « réussite scolaire » peut se jouer à tous les niveaux.

Messages

  • Grand merci les amis pour vos réflexions et témoignages sur la réussite scolaire, c’est vraiment très précieux. Je vais transmettre vos écrits à mes amis de l’équipe de recherche CIPES (Choisir l’Inclusion Pour Eviter la Ségrégation).
    Continuez vos travaux ! Et Bravo.
    Amitiés
    Marie-Aleth

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