Handicap ?

Handicap ?

J’ai du arrêter de travailler il y a trois ans et depuis j’ai subi deux opérations du dos (un nerf a été touché à la première). Depuis, je suis handicapée de la jambe droite, je boîte pour marcher, je n’arrive plus à sortir de chez moi, à cause d’une grande pente. Je m’oblige à marcher mais je me fais du mal. J’ai un enfant, en situation de handicap, qui a beaucoup besoin de moi. Comment l’aider quand on ne peut pas bouger. Mon mari travaille. Du coup notre enfant reste à la maison, s’isole, n’a plus confiance en elle, a peur du monde. L’isolement ça peut entrainer la déprime. Je n’ai pas de voiture et suis toujours obligée de déranger quelqu’un... Alors dans les transports, pour les rendez-vous c’est très compliqué. Le médecin me dit qu’il ne pourra pas donner autant de bons en VSL. Quand je dois aller chez le kiné, le podologue ou au centre anti-douleur, c’est compliqué parce que c’est loin, il faudrait que mon mari soit disponible ou prendre un taxi mais c’est si cher ! Etant à 80%, je n’ai pas le droit à Accemo, le transport adapté de Bibus, réservé aux personnes à 100%. Je voudrais que la situation de chacun soit examinée avec humanité.
Pour le logement c’est aussi compliqué : l’AAH n’est pas prise dans les revenus, du coup on ne peut pas déménager dans une nouvelle location, qui serait trop chère (le loyer ne doit pas dépasser le tiers du revenu du foyer). En plus, les délais sont trop longs à la MDPH (6 à 8 mois).
Quand notre handicap ne se voit pas on est jugé et ça fait très mal !

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« Hand in cap » : la main dans le chapeau, comme un tirage au sort !
Être handicapé.e, être porteur d’un handicap, être en situation de handicap (mobilité réduite, mal voyant, mal entendant...) : beaucoup d’expressions sont inventées. De nombreuses commissions, associations, lois, existent et pourtant, dans le quotidien le vivre ensemble n’est pas possible pour de nombreuses personnes.

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Le handicap et la société ?
Il me semble quand même qu’il y a eu des progrès.
Avant, un handicapé se trouvait rejeté par la société, sa vie semblait s’arrêter, foutue, il se recroquevillait sur lui-même.
Maintenant, on en parle davantage, on essaie d’aplanir les difficultés, on essaie de vivre ensemble .
Il reste encore beaucoup de difficultés.
Les problèmes remontent à la surface :
- Problème dans les transports.
- Les lois pas toujours adaptées et contraignantes dans les démarches.
- Problème de logement.
- Diminution des obligations de constructions des logements sociaux pour handicapés (depuis deux ans, deux familles recherchent un logement auprès de B M H)...
Pour aider l’intégration des personnes handicapées, il faut bousculer les mentalités, faire prendre conscience des difficultés vécues.

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Pourquoi m’avoir donné une reconnaissance handicapée ?
Le jour d’un renouvellement, mon AAH a été supprimée sans me donner une explication.
Dire que des personnes se font passer pour des handicapés, alors qu’il y a des pathologies qui ne se voient pas physiquement c’est insupportable à entendre. Moi je voudrais les moyens de trouver un travail à la hauteur de mon handicap. Mais Pôle emploi dit qu’on ne peut rien faire pour moi.
Ne laissez pas les personnes toutes seules face à leur maladie.

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Les inégalités sont le plus souvent de la faute des être humains et de leur façon de s’organiser. Le handicap est lui, presque toujours, de la faute de personne, et en tous cas pas de celui ou celle qui le porte. Il est de la responsabilité des hommes, de la société, de faire en sorte que les personnes porteuses de handicaps aient la meilleure vie possible. Il en vas de la dignité de l’Humanité et de la personne. Donc c’est un juste combat !
Par ailleurs,, j’ai envie d’aborder le sujet sur un autre angle, celui des fragilités humaines, qui marquent toutes les vies, et qui peuvent susciter des relations si chaleureuses, si lumineuses. Le handicap physique ou mental peut être vue comme le point radical, plus ou moins visible, de notre nature humaine, à tout moment confrontée au défi de la Dignité de tous.

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« Moi, j’aimerais mieux avoir un handicap qui se voit ! »

Ainsi s’exclame Joëlle, qui vient d’être interpellée par un passant alors qu’elle sortait de sa voiture qu’elle avait garée sur un emplacement « réservé ».

C’est vrai, Joëlle n’est pas en fauteuil roulant, elle marche sans béquilles . . . Apparemment, rien ne justifie cette carte « AH » qu’avec un certain agacement elle met sous les yeux du curieux qui la regarde d’un air soupçonneux.

Ce qu’il ne sait pas, ce monsieur, c’est que Joëlle a de gros problèmes d’orientation. Elle connaît très bien, par coeur, certains trajets dans la ville de Brest mais elle est incapable de les modifier sans se sentir complètement perdue . . . Elle n’usurpe aucun droit, ne triche absolument pas : elle cherche à garder le plus possible son autonomie. Moi, j’admire son courage et sa ténacité !