Objet-mémoire

Le martinet à nœuds

Quand on était jeunes, on avait droit au martinet. J’ai toujours ce mot - martinet - qui me revient. J’avais du mal à apprendre à l’école et j’avais du mal à m’accepter comme j’étais, un peu costaude. Je faisais que me bagarrer à l’école ou au centre aéré, parce qu’on se moquait de moi.
On ne voulait pas me garder et j’ai fais trois écoles. Quand j’avais des mauvaises notes ou que mes parents étaient convoqués, je recevais des coups de martinet à nœuds, et ça faisait mal ! Après j’a été dans les écoles spécialisées et à Roscoff (pour maigrir).
Après ça allait mieux et j’avais trouvé une gentille dame dans l’appartement au dessous, elle m’aidait pour école et je l’aidais pour des petites choses. Je me sentais utile. Puis à l’adolescence j’ai été en foyer, en centre de formation pour apprendre un métier.
Maintenant, je me demande si ma séparation et les problèmes de mon enfant, qui a du mal dans la vie, viennent de toute cette souffrance. Je suis triste de devoir toujours demander à quelqu’un pour l’aider. Je me demande si les soucis de mon enfant viennent pas de moi et de mon passé de martinet. Alors je fais des efforts pour arriver à l’aider, et dans tous mes paperasses. Et le regard des gens...Mais je suis une battante, et j’ai l’espoir d’y arriver !

Un short de flanelle grise

Il me descendait jusqu’aux genoux. Quand j’étais enfant, je portais ce vêtement qui me différenciait de beaucoup d’élèves. ça faisait trop stylé et certains se moquaient. J’ai été dans les derniers à porter ce short, jusqu’en quatrième, si je me souviens bien. Et la flanelle, douce et confortable, est restée pour moi ce que j’appelle aujourd’hui" un code de classe". Un de mes premiers écrits, dans mon cahier nommé "d’inventations" était : "Comment annoncer la Bonne nouvelle, vêtu de flanelle". C’était pour la rime, mais aussi parce que pour moi, je le disais comme ça à l’époque, la Bonne nouvelle c’était la victoire de la Justice et de l’Amour. Empreinte inoubliable...

Les bonnes crêpes

Ma grand- mère MARIANNE faisait des bonnes crêpes sur le bilig, elles étaient très grandes et très bonnes . Avec beaucoup de beurre et j’en mangeais 3 grandes avec un verre de cidre. Elle habitait une petite maison dans la campagne. Ceci est un bon souvenir.

Le livre

On était au début des grandes vacances, je pense que j’étais petite, peut-être 7 ou 8 ans.
Mon père m’offre un livre pour les vacances. C’était la 1ère fois qu’il faisait cette démarche, des livres il y en avait à la maison, mais là il avait choisi ce livre pour moi.Je vois encore ce livre sur mon étagère dans la chambre. J’ai mis du temps à le lire, c’était écrit petit, avec seulement quelques illustrations. Je n’avais jamais lu seule un livre si gros ... Je l’ai lu en entier, les vacances étaient longues heureusement ... Le livre était "Robinson Crusoé".

Le minitel

L’ objet qui m’a marqué c’est le minitel, qui a révolutionné notre façon de communiquer avec les gens. C’est un objet qui a fait du mal pour les rapports humains : moins de chaleur humaine. On écrivait en abrégé, et on ne faisait plus de phrases. C’était un outil de recherche, et ça coûtait cher aussi..

La vieille gazinière

La cuisine représente pour moi la pièce phare d’une maison. Dans la maison de mon enfance, la cuisine se trouvait était une salle où tout le monde se retrouvait. Je me souviens qu’à l’intérieur il y avait une vieille gazinière traditionnelle où avec mes sœurs on faisait bouillir le lait, on se chamaillait souvent car aucune de mes sœurs et moi ne le surveillait assez pour ne pas le faire brûler. Cette gazinière a été témoin de beaucoup de disputes, cependant c’était elle aussi qui regardait cuire tous nos gâteaux au chocolat. Je me rappelle de tous les bruits mécaniques qu’elle faisait lorsqu’elle chauffait trop.

Une terrible photo

Une photo : un monceau de poupées et jouets d’enfants, empilés dans un coin de baraque, avec d’autres objets : chaussures, lunettes. . . Au dessous, une légende :
« AUSCHWITZ : Jouets arrachés aux enfants que l’on conduisait au crématoire. »
Une photo d’un film présenté en 45 dans le cadre scolaire. . . une photo qui a hanté mes quinze ans et qui me hante encore . . .
Comment peut-on en arriver là ?

Les fauteuils

Ma grand-mère m’avait offert des meubles de poupée : un lit, une armoire à glace et deux petits fauteuils.
J’en étais très fière. Ma soeur a jeté les deux fauteuils par la fenêtre.
Jalousie, rivalité entre frères et soeurs.