Quand j’étais enfant ...

Quand j’étais enfant, ma vie était rythmée par la sirène qui retentissait chaque jour de la semaine à 7h30, 12h00, 13h30 et 18h30, elle rythmait la journée d’ouvriers. J’habitais avec mes parents dans une toute petite maison humide et insalubre, trois pièces pour cinq personnes sans salle de bain, ni eau chaude , ni toilettes. Mes parents avaient entre autres tâches, le gardiennage d’une entreprise qui comptait une centaine d’ouvriers.
J’ai grandi dans le dégoût du patron qui exploitait mes parents. Souvent, pour soulager un peu les parents dans leurs tâches, nous les enfants on les aidait à fermer les ateliers, à faire le ménage chaque soir dans les bureaux. On ne pouvait jamais partir en vacances ; le gardiennage était à assurer chaque jour de l’année.
J’ai quitté cet endroit quand j’avais 19 ans, mon père cassé par le travail a pu partir en retraite anticipée.

Quand j’avais 6 ans mes parents m’ont mis en pension jusqu’à mes 14 ans car je ne parlais pas bien. J’étais content car on se promenait dans les bois et on faisait aussi des parcours de 10 km ou 20km. On faisait des kermesses pour avoir de l’argent pour faire des colis pour noël pour les personnes âgées du village et pour faire un voyage de fin d’année.

Quand j’étais enfant, j’ai vécu à la campagne avec mes grands parents. J’allais souvent dans les bois, être parmi les animaux et la nature c’était mon refuge. Je me sentais bien, protégée par la nature car j’avais souvent peur. J’étais seule mon frère et ma soeur n’étaient pas avec moi.

Quand j’étais enfant, je vivais avec ma sœur et ma mère à Dakar. Cette dernière était souvent au travail et ma sœur et moi passions tout notre temps ensemble. On allait à l’école et on y restait toute la journée. A la fin de la journée, on revenait à la maison, puis on prenait le goûter pour ensuite faire nos devoirs, jouer et regarder la télé. Nous faisions souvent des bêtises mais la voisine était toujours là pour tout raconter à maman à son retour. Que de souvenirs ! Les moments avec ma sœur me manquent beaucoup maintenant.

Quand j’étais enfant, je vivais chez mes parents avec mes frères à côté de Landerneau. Les moments avec eux et surtout les vacances étaient bons, ces moments où on partait à 5 étaient agréables, on s’échappait du quotidien qui était pesant. L’école pour moi n’était pas un bon souvenir, c’était un endroit synonyme de moquerie et d’échec et mes parents travaillant tous les deux n’étaient pas beaucoup présents.
Quand j’étais enfant, j’aimais aller chez mes grand-parents maternels, voir mes cousines, mon cousin, mes oncles et mes tantes. Ces souvenirs sont bons, c’était des moments de joie, on était bien tous ensemble. Malheureusement aujourd’hui certaines de ces personnes ne sont plus là...
Quand j’étais enfant, j’ai connu les francs et on pouvait faire bien plus que aujourd’hui avec cette somme. Avec 5 francs on avait un gros paquet de bonbons, maintenant c’est quoi 5 francs ?

Quand j’étais enfant, c’était les années 60. J’habitais à Toulon. C’était la fin de la guerre d’Algérie.
Beaucoup de pieds noirs avaient quitté leur pays en urgence. Ils avaient été arrachés à leur quotidien, ils ne comprenaient pas ce qu’il leur arrivait, ils restaient chez eux. On sentait la peur.
Les enfants étaient tiraillés et anxieux et sentaient l’inquiétude de leurs parents
Mon ressenti d’enfant était un sentiment trouble, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ressentais la colère, l’inquiétude des adultes.
J’entendais les non dits. Je ressentais des choses, mes parents ne m’expliquaient pas ce qui se passait, je n’osais pas poser de questions de peur de blesser et de ne pas être comprise.

Quand j’étais enfant, petite, j’allais à la garderie car mes parents travaillaient le matin ; je déjeunais avec ma soeur et mon frère seuls. Et après on revoyait les devoirs. Nous allions à l’école, je n’ai jamais aimé l’école, on se moquait de moi parce que j’étais costaude et j’avais mal ; je n’allais pas vers les autres. Le soir nous allions à la garderie. Arrivés à la maison on faisait les devoirs, la douche, puis on mangeait, et au lit ! Les devoirs se passaient très mal vu que j’avais du mal à apprendre, je ne me sentais pas comme mes frères et sœurs.
Quand j’étais enfant, je jouais à la corde et à l’élastique avec mes amis. Je préférais cette période à celle de maintenant avec portable ...etc. J’allais au centre aéré et je me faisais beaucoup d’amis. Il n’y avait que ces moments-là qui me plaisaient, les vacances scolaires j’allais en colo et au centre aéré mais nous nous ennuyions pas. A la maison nous avions chacun nos tâches, on n’aimait pas mais ça nous apprenait à faire, et on était content.

Quand j’étais enfant ? Je ne me souviens pas précisément... je n’ai gardé que quelques images, souvent fixées dans des photos. J’ai plaisir à retrouver celle où, rasé comme un jeune bonze, je suis penché sur une feuille de papier. J’ai 4 ou 5 ans. Je dois dessiner, pas encore écrire. D’autres images : dans les bras de ma maman qui sourit ou en ligne avec mes cinq frères et sœurs, dans une charrette derrière un petit âne. Les sensations qui me reviennent sont lumineuses, tendres, chaleureuses. J’ai été aimé et c’est un trésor pour la vie.

Quand j’étais enfant, je raisonnais comme un enfant et je bénéficiais en permanence de l’affection de mes parents. Quelle assurance ?
Je ne croyais pas que dans la vie il y avait tant de souffrances, d’échecs. Presque tout était de mieux en mieux (erreur !).
Je préférais être à côté de mes parents qui avaient une voiture, qu’en vacances chez mes grands parents.

Quand j’étais enfant, je me souviens des parties de cartes avec maman et ses amis. On avait inventé des nouvelles règles, on avait appelé ce jeu le tarot bonbons.
Ce qui m’a marqué le plus c’est l’école car pour moi ça n’a pas été une partie de plaisir. Des professeurs se sont montrés durs avec moi, et pour me faire entendre, je n’allais plus en cours là où les professeurs me traitaient comme de la merde ou me traitaient de débile.

Quand j’étais enfant . . . Si l’on situe l’enfance à peu près entre 0 et 11 ans, je diviserai la mienne en deux parties : avant 1939, après 1939.
Avant 1939 ce fut une enfance très familiale, à St Renan. J’étais la cinquième de six enfants, et ma plus jeune soeur et moi, nous attendions avec impatience les vacances car nos grands frères, pensionnaires à Brest (qui était pour nous une grande ville lointaine ! ) revenaient à la maison ; ils jouaient avec nous, ils nous apprenaient un tas de choses : faire du vélo, reconnaître les oiseaux, réparer nos jouets . . . ils savaient plein d’histoires drôles . . . Bref, peut-être quelques disputes, mais aussi beaucoup de moments heureux !
1939 . . . J’entends encore le 4 ou 5 septembre, le tocsin sonner à la cloche de l’église : il avertissait la population de la "mobilisation générale" de tous les hommes valides pour partir faire la guerre . . . et puis, jour après jour, l’avancée des troupes ennemies, les bombardements sur Brest . . . puis, en juin 40, deux jours avant l’arrivée des Allemands jusqu’au fond du Finistère, le départ de mon frère aîné (17ans) pour rejoindre en Angleterre le général de Gaulle qui appelait à refuser l’armistice et à continuer le combat . . . J’entre quand même en 6ème à Brest en octobre. Dans la journée, les cours peuvent en général se dérouler normalement . . . mais la nuit, surtout vers février - mars, il fallait souvent descendre à la cave pour se protéger des bombardements . . . Et savez-vous quel était notre premier réflexe à l’heure de la récréation ? courir vite sur la cour pour ramasser les éclats d’obus dont nous faisions presque toutes collection !