Le journal déconfiné / Semaine 9

Ce qui me tient à cœur :
Dire bravo et merci à vous tous.tes qui avaient pris du temps pour écrire, chaque semaine pour ce Journal, en respectant le plus souvent des consignes imposées. Nous étions cinq ou six autour de la table, nous fumes le double à distance !
Dire combien j’ai mieux pris conscience de l’énergie, du courage qu’il faut à beaucoup d’entre vous pour tenir le coup dans ces contraintes imposées et des défis, notamment dans l’accompagnement scolaire.
Dire la joie qu’il y a à trouver des signes d’espérance dans le chaos de cette pandémie :
Voir dans la distance imposée entre les êtres un signe de respect
Voir dans l’effort pour tenir cette distance un signe du désir d’être proche
Voir dans l’obéissance aux règles le signe qu’un destin commun est compris
Voir dans les tâtonnements des experts et des décideurs un signe d’humilité
Voir dans les gestes de solidarité le signe d’une fraternité vivante
Voir dans la suspension des cultes le signe d’une communion possible autrement Voir dans le numérique le signe que la technique peut, aussi, être signe de progrès
Voir dans les contraintes un défi pour inventer et le signe que c’est possible
Tout cela dit en conscience de ce que la crise révèle aussi de médiocre dans notre humanité : égoïsme, lâcheté, défiance, recherche de bouc-émissaires, manichéisme, insultes, violences, haine...
Dire que la santé n’est pas seulement celle du corps biologique, que vivre c’est plus qu’éviter de mourir et qu’il est plus important d’offrir aux personnes âgées du lien que de la durée.
Dire que face aux inégalités accentuées par la pandémie, le temps est venu de construire un nouveau contrat social, plus juste.
Dire que face aux grands malheurs que provoquera une hausse de 2 ou 3 ° des températures, le temps est venu de construire une nouvelle économie, ajustée aux besoins des hommes et de la nature.
Dire dans une folle Espérance, que « Le monde n’est pas malade, il enfante » (livre de Xavier Salantin, chercheur de sens, ami décédé)

Depuis le déconfinement, je sors un peu plus mais pas tellement. On se sent un peu mieux, mais je vois que les gens ne portent pas de masque, qu’il y a du relâchement et qu’il y aura une deuxième vague. Parce que ça va trop vite. Je le sens. Mais je ne suis pas négative. Il y a de l’espoir avec tous les gens qui cherchent jour et nuit un vaccin. Mais ça va mettre du temps...
Je n’ai pas repris de transport en commun, pas encore, je recule.
A la télé je regarde Gulli, j’ai gardé mon côté enfant, ça me soutient.
La seule personne avec qui j’échange quelques mots en se voyant en vrai c’est une voisine, elle est dans la rue, moi à ma fenêtre et on se donne des nouvelles ; ça fait du bien !

Je reste bloquée sur ce qu’on vit actuellement.
Il y a un sentiment de flottement, j’ai une impression de semi-liberté, j’ai peur de me réjouir trop vite. Les médias en sont peut-être pour quelque chose. Il y a trop d’informations contradictoires. Il reste encore beaucoup de questions sans réponse.
A part çà, j’ai hâte de retrouver les activités, d’échanger et de retrouver ceux que j’aime.
Hâte de reprendre une vie "normale".
Les bruits sont revenus, je ne pensais pas que je serai contente de les entendre (bruit de voitures, rires d’enfants etc...)
La vie reprend ses droits.

Cette semaine de déconfinement, je ne suis sortie qu’une fois mais en voiture parce que je ne supporte pas le masque, j’ai du mal à respirer, cela me stresse. Peut-être que si j’essayais un masque en papier je réussirai à mieux m’adapter au début. Peut-être la mairie va nous en donner. J’ai aussi un peu peur de sortir car j’ai tellement entendu de choses sur le corona... Il ne faut pas se rapprocher des gens, il faut rester à 1 mètre, c’est compliqué parce qu’on a l’habitude de dire bonjour et on oublie de garder ses distances. J’ai très peur d’attraper le virus parce que je suis fragile de naissance.
J’ai aussi très peur d’aller en cours parce que les règles seront très strictes, les profs vont être sévères pour qu’on respecte les règles, on sera un par chambre à l’internat, et à la cantine on sera séparé. L’ambiance va être stressante.
J’espère que bientôt j’oserai sortir sans danger, cela sera possible si tout le monde se respecte, si tout le monde fait attention aux autres.

Après le confinement que va-t-il se passer ?
Quand je sors, je vois beaucoup de personnes sans masque et qui ne respectent pas la distance de 1 mètre dans les magasins, je me demande s’il va pas y avoir une autre vague et qu’on soit à nouveau confiné.
Je me demande aussi si des petits magasins ne vont pas être obligés de fermer parce que pendant le confinement ils n’ont pas pu ouvrir, pas d’entrées d’argent et ils auront du mal à payer les loyers, les taxes ... De plus ils ont été obligés de faire des dépenses pour organiser l’accueil des clients.
Beaucoup de gens n’ont pas réussi à avoir des masques avec leurs communes, cela fait des dépenses. J’ai aussi entendu que certaines personnes font des allergies avec certains masques.Je me demande si on sera obligé de continuer à les porter longtemps.
La solidarité va-t-elle continuer comme pendant le confinement ? Déjà je vois sur internet qu’ il y a moins d’offres d’aide, d’entraide.
On a recommencé des activités en plein air que l’on faisait avant dans une salle, pendant le confinement on a continué avec internet. C’est bien d’être dehors quand il fait beau mais cela change toute l’organisation, et pour les déplacements ce n’est pas facile pour les personnes qui n’ont pas de véhicules.
On entend aussi que des gens ne sont pas contents, ils ont peur pour leur avenir leur emploi ... est-ce qu’il va y avoir des manifestations, de la révolte ?

Pendant le confinement j’ai commencé par ressentir de la curiosité, très vite j’ai été agacée puis énervée, après l’indignation est montée et là je ressens de la colère.
Certes on a vu des solidarités se mettre en place dans l’urgence, on a vu des personnes se mobiliser dans leur travail, on a vu des collectifs se créer … beaucoup de « belles » initiatives ont été initiées dans les quartiers, dans les écoles, et si tout a tenu c’est grâce aux gens. Je ressens un énorme décalage entre ce qui se passe au niveau des vrais gens sur le terrain et les mensonges, les couacs de nos dirigeants. J’ai entendu un grand espoir de changements monter, des envies, des initiatives, et en face oui en face une posture qui devient de plus en plus rigide au fil des semaines du confinement, le maintien d’un système qui nous amène dans le mur.
Demain tout va redevenir comme « Avant » car tout ce qui dérange va à nouveau devenir invisible, et on va continuer à devoir "se battre" pour se faire entendre...

Le déconfinement pour nous, ça a été de se retrouver samedi soir en famille pour fêter des anniversaires. Nous étions douze ! Mais nous avons fait des efforts pour respecter la distance de un mètre entre nous. Retour ligne automatique
Dehors, je vois que les gens font attention, que certains portent un masque. Dans le bus c’est obligatoire, j’en porte. Mais j’ai vu une personne qui entrait avec une poussette et qui n’avait pas de masque, le chauffeur lui a demandé de sortir. Elle n’était pas contente, elle a dit qu’elle n’avait que deux stations à faire pour se retrouver chez elle. Mais je trouve que le chauffeur a eu raison de faire respecter la loi.

Enfin plus de libertés, la vie reprend et le boulot aussi. Hâte de retrouver les différents enfants que je garde, bon je mets le masque, mais cela ne me dérange pas. Certains font mal aux oreilles, d’autres non. Alors, suivant ce que je fais je mets un masque adapté par rapport à la douleur au niveau des oreilles.
En écoutant les infos, j’ai bon espoir de travailler en séjour en tant que Directeur de colonie et que mes collègues de Tours et de Rennes viennent travailler dans l’équipe. Il faut attendre le 2 juin, enfin je pense, pour en être sûr.
Jeudi après-midi nous avons repris le Qi Gong en plein air, cela a fait beaucoup de bien de sortir et de pratiquer ce sport dans un square à Brest. Hâte à la semaine prochaine.
Continuons à respecter les gestes barrières et nous y arriverons tous ensemble.

La vingt-quatrième heure
Vingt-trois heures de confinement . . . et Une heure, oui, UNE, pour sortir, marcher, s’évader . . . Quelle heure précieuse, et que de richesses elle peut contenir, quel que soit le moment choisi !
Surprise, d’abord : quel silence ! Aucune circulation, pas un bruit. J’écoute ce silence . . . et puis . . . oui, ce sont bien des oiseaux que j’entends chanter, pépier, s’envoler. Or, je suis dans une rue très passante en temps ordinaire, et avec les bruits de voitures, motos, mobylettes et autres, il n’est évidemment pas question d’oiseaux. Je me fais discrète : j’espère que mon passage ne va pas les déranger !
Voici une rue où je passe souvent : devant chaque maison, il y a un jardin, en général très bien entretenu. Oh, oui, les rosiers ont bien progressé depuis la semaine dernière, les boutons de rose apparaissent, certains presqu’ouverts déjà. Et les arums ! Et les campanules, en pleine floraison, qui poussent même sur les murs ! Un bel exemple de vitalité capable de briser bien des obstacles.
Me voici au jardin de Kerzudal , un parc agréable, aujourd’hui presque désert. J’y croise un monsieur qui promène son chien, et une jeune femme avec son petit garçon qui « fait du vélo ». Nous échangeons un sourire. Mais . . l’espace « jeux » destiné aux enfants est entouré d’un grand ruban plastique rouge et jaune, donc ni balançoire, ni toboggan, ni copains avec qui jouer ! Même chose un peu plus loin : le même ruban plastique rouge et jaune interdit l’accès aux terrains de foot et de basket : ni sport ni rencontres entre copains . . . tout ce qui aide tant les ados à vivre !
Je rentre par la rue principale : la poste est fermée, le coiffeur aussi, les deux bars, également. Y a-t-il quelque part un lieu de convivialité ? En continuant ma route, je vois l’église ouverte, j‘entre : l’église est vide, totalement vide, pas un cierge ou une lampe allumés, rien. Par contre, le petit super marché, lui, est ouvert, ainsi que la boulangerie et devant leurs portes, il y a de longues files d’attente. Les barrières sociales sont bien respectées, et c’est tant mieux. Il le faut ! Mais, « l’homme ne vit pas seulement de pain », je crois. Un enfant de 4 ans va m’en donner la preuve : pas très loin de mon immeuble , un petit garçon inconnu s’avance vers moi, et, me regardant bien, me dit : « Je m’appelle Arthur. Ma petite sœur, elle s’appelle Flora, et ma maman, c’est Julie. Et toi ? » Très touchée par cette interpellation, j’échange quelques mots avec l’enfant et avec sa maman qui ne me cache pas la difficulté de vivre le confinement avec des enfants. Et pourtant, il est de notre responsabilité d’adultes de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter au plus vite cette pandémie !
Marcher, écouter, regarder, rencontrer, puis réfléchir : c’est ainsi que je résume l’expérience de la « vingt-quatrième heure » de ces presque deux mois de confinement, l’heure différente des vingt-trois autres.

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