A quoi pense-t-elle ?

La dame sur l’image est dans une cabine téléphonique. A-t-elle passé un coup de fil ou a-t-elle reçu un coup de fil ? Je ne sais pas. Sur l’image, je vois une dame très triste. Elle est très pensive et réfléchit beaucoup. Qu’a-t-elle eu pendant cet appel ? A-t-elle reçu des mauvaises nouvelles ou est-ce que cela s’est mal passé ?

Cette femme me semble bien triste dans la cabine téléphonique, presque prête à pleurer peut-être, et l’air bien découragée, les bras ballants, la tête contre la paroi comme si elle n’attendait plus rien.
Qui appelle-t-elle qui ne répond pas ? Ou bien son correspondant a-t-il dit des mots méchants de rupture auxquels elle ne s’attendait pas du tout.
Elle pense à ses enfants. Qu’allons nous devenir ? qu’ai-je fait ? qu’ai je dit ? C’est injuste, injuste...

Seule, épuisée par une trop longue journée de travail harassant, cette femme s’accorde un moment de répit dans une cabine téléphonique. Plantée là, au milieu du quartier qui s’agite dans un tourbillon de voitures et de lumières, cette cabine est son refuge provisoire et la protège. Cette femme observe...coupée du monde...

Cette femme dans cette cabine téléphonique, on ne sait pas trop comment elle est arrivée là. Si elle s’est réfugiée ou si elle vient d’avoir un appel. Mais ce que je vois, c’est qu’elle a l’air d’admirer ce qui se passe autour, elle a l’air pensive et triste.
Elle se dit où vont tous ces gens, pourquoi ils courent presque tous, sauf cette personne plutôt âgée qui promène son chien, elle a l’air triste également, elle se dit qu’elle n’est pas seule pourquoi ne pas aller à sa rencontre ? Je ne sais pas, elle n’ose peut-être pas, par peur de se faire rembarrée.
La ville n’est pas très jolie, envahie de béton, de voitures, de pollutions. Elle se dit que ce serait bien de partir en vacances, dans la nature, à la montagne, respirer le grand air. Ici on se sent bloqué, étouffé.

La dame attend un appel dans la cabine téléphonique. Elle a un visage très pensif et très triste. Elle se demande si on va l’appeler. Elle n’a pas l’argent pour appeler. Elle attend toujours cet appel désespérément. Cet appel est très important pour elle je pense. L’a-t-elle reçu ? Dans quel état sera-t-elle après ?

"Qu’est-ce que je fais ? J’appelle, ou je n’appelle pas ? Quand il est parti, il m’a dit : "Je t’enverrai un coup de fil dans quelques jours" . . . et il y a trois semaines de cela ! Peut-être qu’il a des ennuis, qu’il ne va pas bien ? Peut-être qu’il a besoin de moi ? Alors, il faut que je l’appelle ! . . . Oui, mais . . .si c’est le contraire ? s’il veut me lâcher, m’oublier ? peut-être que je ne compte plus pour lui . . . . Alors mon appel va le rendre furieux et me couvrir de ridicule ! Ah, non ! je ne veux pas risquer ça ! . . .
. . . Il y a des décisions qui sont parfois bien dures à prendre ! "

Une femme court vers une cabine téléphonique pour se mettre à l’abri du vent et de la pluie.
En rentrant dans la cabine elle reprend son souffle. Elle se met à penser à toutes les tâches qui lui restent à faire dans journée. Elle se demande combien de temps ce déluge va prendre, elle n’a pas le temps de rester coincée dans cette cabine.

Je viens d’arriver dans cette ville, je ne sais pas où aller, je ne connais personne ici. Il fait froid, et au moins dans cette cabine je me sens un peu à l’abri. Je regarde les gens passer, j’ai l’impression que je suis invisible.
Je suis fatiguée, je suis partie de chez moi parce que j’avais peur... trop de violence.
Tout s’embrouille dans ma tête, je ne réussis plus à penser, je suis juste là mais pour combien de temps, et après ?

A quoi pense cette femme ?
Que se dit-elle dans la tête ?
Elle vient d’appeler quelqu’un, l’appel est terminé.
Elle se dit : A quoi bon !
Elle est désabusée.
La nouvelle l’a attristée.
Elle n’a pas d’autre perspective,
Elle est nostalgique ?
Est-ce une rupture amoureuse ?
un problème de logement ?
De travail, familial ?
Personne ne sait ! Les bras lui en tombent.
On a envie de la consoler de l’écouter, de l’aider.
Cette situation, son attitude nous laisse penser qu’elle n’attend plus rien.

Je n’en peux plus. Il n’appelle pas. Chaque jour je viens dans cette cabine dont je lui ai donné le numéro, et je lui ai dit que j’attendrai son coup de fil à partir de 8h, pendant une demi-heure. Mais rien. Chaque jour je viens, je suis fidèle au rendez-vous. Cela fait déjà trois jours. Je reste là, en silence, debout forcément. Les bras m’en tombent. Forcément j’ai l’air triste, les yeux dans le vague. Derrière cette vitre, je me sens protégée du monde, mais si seule ! Pourquoi ne m’appelle-t-il pas ? N’a-t-il même pas un franc à mettre dans la fente pour appeler ? Les pires images s’invitent... Il est pourtant parti en me disant que c’était juste pour un jour, qu’il reviendrait ou qu’il m’appellerait. J’espère qu’il n’a pas fait de bêtise, mon fils. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans !..

Les photos qui ont inspiré les écrits ci-dessus sont extraites de l’exposition de Ernest Pignon Ernest à Landerneau présentée de juin 2022 à janvier 2023.
Merci à Jean-Michel Le Baut formateur : Parcours Préparatoire au Professorat des Écoles (PPPE) du lycée de l’Iroise et de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest, pour l’idée.

Cliquez sur port-folio ci-dessous pour voir le document proposé aux participant.es à l’atelier d’écriture.

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