Le poids des mots

Les mots que l’on utilise peuvent être très importants selon la personne à qui on parle ou à qui on écrit.
Selon la classe sociale, l’environnement de la personne à qui je m’adresse, je n’utilise pas le même langage, les mêmes mots pour que la personne puisse bien me comprendre.
Autant certains mots sont légers pour celui qui les jette, autant ils peuvent être lourds pour celui qui les reçoit.
La pauvreté du vocabulaire, c’est ça la vraie misère, parce que l’on nous prend pour des gens qui ne savent rien, qui ne connaissent rien, on se sent plus pauvres encore. On ne nous écoute pas car on n’utilise pas les mots adéquats donc c’est un dialogue de sourd. On est méprisé selon nos mots.
Les mots pourtant, c’est gratuit, on ne peut pas vous les voler. Les pensées sont une chose. Les mots en sont une autre, ils dépassent souvent nos pensées.

Il y a des mots qui paraissent légers, qu’on lance en passant : "Bonjour ! " "Bonne année" . . .
Il y a des mots inutiles, et on se dit : "Oh la la ! Quel-le bavard-e ! Vivement qu’il/elle se taise ! "
Il y a aussi des mots qui ont du poids, qui comptent dans notre vie, parfois qui peuvent la changer. Ce sont des mots comme "Pardon. . . " "Je te pardonne. . . " Maintenant, on sait qu’on s’aime assez pour pouvoir se pardonner . . . " et aussi, simplement : "Merci " "S’il te plait. . ."
Mais, dans ces mots qui ont du poids, il y en a qui blessent, qui font mal, qu’on aimerait ne jamais avoir entendus. . . même entre enfants à l’école : "T’es mal habillé-e" "Ta mère, elle est moche. . . " ou plus tard, toujours à l’école, de profs inattentifs : "Je crois bien qu’on ne pourra pas faire grand chose de vous ! " Ou encore, au cours d’une vie pleine d’amitié, d’amour : " Tout est fini entre nous." . . . Ces mots là, ils nous marquent pour la vie entière !
Et ces mots qui paraissent légers, dont je parlais au début : "Bonjour !" " Bonne année ! " . . . moi même, quand je les prononce, est-ce que j’en vois le poids, l’engagement qu’ils sous-entendent ? Si je souhaite un "Bon Jour", ou une "Bonne année" à quelqu’un, est-ce que, dans la mesure où je suis concernée, je suis prête à faire tout mon possible pour qu’ils le soient vraiment ?

Il y a les mots qui blessent, ceux qui font mal, ceux qui te réconfortent, ceux qui font plaisir.
Mais bien souvent nous ne faisons pas attention à comment nous parlons à notre prochain.
Je sais que moi j’essaie de faire attention à la manière dont je parle à un enfant, à une personne adulte ou encore à une personne importante.
Dans mon enfance on me disait qu’il fallait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.

Il a le dernier mot
Et c’est un mot puissant
Il s’appelle au-revoir.
Vu le poids de ce mot,
Sa présence fait fuir.
Il coupe l’herbe sous les pieds
Il coupe court à la discussion
Il surgit à tout moment
Quand on ne l’attend pas.
Il ferme le rideau
Le spectacle est terminé
Jusqu’au prochain spectacle
Car un au-revoir, ce n’est pas un adieu.
Il laisse la perspective d’un nouveau spectacle
D’un nouveau rendez-vous.
Mais sans au-revoir,
Le spectacle n’aurait pas de fin
Il serait interminable.
Même si les autres mots ne l’aiment pas,
Au-revoir a son utilité
Mais il ne devrait pas arriver
À tout bout de champ
Il devrait respecter les autres mots
Ne pas toujours chercher
À être sur le devant de la scène
Car il est difficile à maîtriser
Il n’en fait qu’à sa tête
Au-revoir est égoïste
Il ne pense pas aux autres mots
Il préfère faire un carnage.
Sur scène, c’est au-revoir le maître
Même là, je vais être obligé de lui laisser place.
Au-revoir.
Grrr...

Il y a des mots légers et joyeux comme des bulles de savon transparentes, comme des papillons colorés. Ils volent et encouragent au bonheur : je suis à tes côtés, ton avis m’importe, ta vie m’intéresse, tu n’es pas seul.e, n’aie pas peur...
Il y a des mots lourds et pesants comme des pierres sombres, comme un ciel qui s’écroule. En tombant ils écrasent, ils meurtrissent, ils coupent les élans et le souffle : va-t’en, tu es chez moi, c’est à moi, j’ai le pouvoir, tais-toi, retourne d’où tu viens, tu ne comprends rien, tu ne sais rien, tu ne sers à rien, tu n’es rien...
Ces mots-là ont le pouvoir de détruire en un instant un équilibre fragile, une confiance naissante, et de creuser des cicatrices parfois aussi difficiles à apaiser que celles laissées par une main qui gifle...
Rien ne devrait les autoriser.

Les mots ont toujours du poids si on y réfléchit bien, même pour les plus courants. Un "Bonjour, Au-revoir, Merci..."est une marque de politesse et de respect, ne pas les dire serait mal venu. C’est également une preuve de considération de dire "Bonjour" à une personne dans la rue ou quand un patron le dit à ses employé.es...
Donc je pense que chaque mot est important et que certaines paroles en effet peuvent être plus lourdes que d’autres et marquer à vie.
Il y a une phrase d’ATD Quart Monde qui dit "les écrit restent, les paroles s’envolent" c’est vrai dans la majorité des situations, car des écrits on peut les relire et se les remémorer. Mais même si on ne retient pas toutes les paroles, on garde en mémoire certain mots. Selon la personne et sa sensibilité, d’un même discours on ne retiendra pas les même mots.
Et puis il y a la manière d’utiliser les mots à l’oral, il y a l’intonation, le sens, la posture ; les mots peuvent sortir plus vite sans avoir réfléchi. Ce qui démontre bien que les mots peuvent être lourds et importants sans forcément qu’on en prenne conscience sur le coup.
Alors que à l’écrit, on réfléchit davantage à quel mot utiliser, il y a moins de risque de dire des choses blessantes.

Les mots ont tous un sens et c’est essentiel de bien savoir ce qu’ils veulent dire pour bien les utiliser. Tout dépend de la manière dont ils sont employés et dans quelles circonstances.
Déjà le ton sur lequel ils sont dits annonce la couleur, un peu agressif et c’est la réaction immédiate : ou on est tellement surpris que l’on n’a pas de mot, ou on répond sur le même ton et c’est l’escalade, bête et méchante.
La physionomie aussi est importante, un regard noir comme un fusil qui tue : on dit bien "fusillé" du regard.
Des mots méchants intentionnellement peuvent tuer intérieurement et blesser au plus profond. On pleure comme jamais. Mais bien plus tard, quand on arrive à se consoler, je ne sais plus comment, on n’oublie pas, mais peut-être un peu quand même, mais à certaines occasions, ça revient dans la tête et ça fait toujours aussi mal.
Et aussi ce que l’on a appris à appeler "les gros mots" et que l’on entend dans l’enfance. On ne connaît pas forcément le sens, mais on sait bien à quel point c’est une insulte grave.
Certains "bons" mots peuvent faire rire joyeusement mais aussi dénouer une situation difficile.
Et heureusement, et surtout, il y a les mots qui encouragent et remettent sur les rails. On en a besoin essentiellement, même si on sait qu’il faut être prête intérieurement à les recevoir.

La bienveillance des mots est très importante.
Soyons vigilants à notre parole.
Il est très important de bien parler aux personnes, gentiment, humblement, pour éviter les conflits et parce que ça fait du bien en tant qu’être humain, parce que ça donne de la joie, de la bonne humeur, de la légèreté, ça rend heureux.

Les mots ont un poids, ils peuvent être lourds et parfois blesser même davantage que des coups physiques. Les coups physiques laissent des bleus sur la peau, qui sont visibles et qui s’estompent avec le temps. Les blessures provoquées par des mots s’incrustent, elles sont invisibles, il n’y a souvent que la personne qui les porte qui sait qu’elles sont bien là.
Il est plus difficile de soigner ces blessures invisibles !
On ne met pas toutes et tous les mêmes sens pour des mots et cela génère des incompréhensions.
Celui ou celle qui sait utiliser manier les mots avec habileté est souvent davantage écouté.e, et donc a davantage de pouvoir (pouvoir d’agir, de décider, de convaincre ...). Entraînons-nous à nous exprimer par oral par écrit pour être entendu.e et surtout écouté.e.

“Aimer” c’est 5 lettres pour signifier plusieurs façons d’aimer : aimer sa famille, aimer amoureusement, aimer le chocolat, aimer écrire, vouloir un bon croissant tout chaud. Ce petit mot, à lui seul, peut même faire basculer des destins !
Et puis, il y a des mots pris en otage et dont on fait mauvais usage, c’est vertigineux ! « [Les mots] sont notre seul accès aux champs de la conscience ».
L’écrivaine Christiane Singer nous le rappelle en ces termes. Alors soyons prudents, ayons une parole impeccable, celle qui ne nuit pas.
Prenons l’exemple avec le mot pédophilie, qui signifie “amour de l’enfant”. Quelle insulte insoutenable !
Du grec “philos” = ami, ce beau mot, dont la racine -phile est sage et sereine dans la philosophie, la philanthropie et dans le philtre d’amour des légendes (entre Tristan et Yseult par exemple), ne doit pas être aussi cruellement détourné.
Permettez-moi de citer, encore une fois Christiane Singer, qui a l’audace de s’insurger et explique qu’ « appeler “un ami de l’enfant” l’infanticide (puisqu’à une nuance près, il y a toujours meurtre, meurtre de l’enfance dans l’enfant, meurtre de l’innocence) est une violence inadmissible et que nous ne devons pas entériner et valider. Si [l’ensemble des sens] d’un mot comme “aimer” est piégé et empoisonné, notre cœur ne va pas tarder aussi à l’être. Notre langue est sacrée. Veillons sur elle comme sur une lampe qui éclaire la nuit du monde. » [1]
Notes
[1] Singer, Christiane, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

Un mot, un petit mot, un mot léger comme une plume, lourd comme un poids.
Comment un petit mot a-t-il autant de pouvoir ? Le pouvoir d’apaiser, de réconforter. Il peut aussi blesser, être irréversible. On devrait faire attention à ce que l’on dit, réfléchir avant de parler, choisir ses mots.
Les mots servent aussi à communiquer, à échanger, à donner son opinion.
Pourquoi porter plus d’importance à un mot qu’à un autre, parce qu’il nous parle, nous fait penser à quelque chose, parce qu’il nous rappelle une situation, un passé.
Ils servent à se faire comprendre. Il faut savoir bien les choisir.
Les mots ont aussi la puissance et la capacité d’aider, de guérir mais aussi de blesser, de faire du mal.
Que de poids pour un petit mot !

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